Troisième partie : 4ème chapitre
Vraie notion scripturaire
de l'Antichrist
Nous proposons maintenant une nouvelle notion de l'Antichrist, ou Contre Christ. Il ne s'agit plus d'un simple individu, d'un misérable Juif accueilli comme Messie et roi par ses frères ; il ne s'agit plus d'un despote tyrannisant la terre entière, mais d'un grand corps moral, composé d'innombrables parties, que le même dessein unit étroitement, qu'anime le même esprit entreprenant, audacieux, terrifiant, impie, n'ayant qu'un but : faire la guerre au corps mystique de Jésus-Christ et à Jésus-Christ lui-même, et cela non pas sur une partie seulement de la terre, mais sur la terre entière ; une armée rangée en ordre de bataille contre le Seigneur et contre son Oint. Cette conception de l'Antichrist nous permet, sans difficulté, d'embrasser d'un coup d'œil toutes les prédictions concernant les derniers temps, éparses dans les Écritures, et, en particulier, celles qui se rapportent à cette « bête » mystérieuse.
Et tout d'abord, la métaphore des sept têtes.
Cette métaphore se comprend sans peine si l'on y voit sept fausses religions, ou plus, concourant toutes au même but, celui de ruiner le corps mystique du Christ dans le monde entier. En second lieu, la métaphore des dix cornes, toutes couronnées, s'explique naturellement.
On conçoit sans peine que dix rois, ou davantage (autrement dit, le pouvoir temporel prêtant son concours à la fausse Église de Jésus-Christ), par séduction ou par malice, fassent partie de ce système, ou mystère d'iniquité, prêtant à la « Bête », composée de sept têtes, tout leur prestige, tout leur pouvoir, l'aidant dans son entreprise, comme les cornes d'un taureau, pour blesser et faire peur.
On conçoit enfin que l'une des sept têtes, ou l'une des « Bêtes » unies, reçoive quelque coup mortel, blessure métaphorique, mais en soit guérie, grâce au secours et aux soins de ses associées. Tout ceci est parfaitement compréhensible. Même si l'on ne peut l'affirmer catégoriquement, on doit en reconnaître la possibilité, la plausibilité.
Tout ceci mérite une soigneuse considération. Pour l'époque où nous sommes, c'est tout ce que l'on peut demander, en attendant. (On ne perd toujours pas de vue que ces lignes sont écrites vers 1790. La marche des événements mondiaux et, parallèlement, l'histoire religieuse de la chrétienté depuis plus de 200 ans, démontrent la clairvoyance de Ben-Ezra !)
Afin de ne pas répéter, ici, ce qui a déjà été dit précédemment, nous prions que l'on veuille relire ce qui a été exposé sur les quatre « Bêtes » de Daniel. Elles ont, en effet, une relation si étroite avec celles de l'Apocalypse qu'il paraît y avoir encore plus identité que parenté.
Le mystère est sûrement le même, sans aucune différence essentielle.
De sorte que la connaissance de ces « Bêtes » du chapitre VII de Daniel permet la connaissance de l'autre, et cette dernière, éclairée par la connaissance des quatre autres, les complète, les précise à son tour, leur donne un air de vie si naturel qu'il me paraît difficile d'hésiter. La seule différence que je vois, pour ma part, entre ces deux visions, c'est que Daniel prend les « Bêtes » séparément, à tour de rôle, à leur origine, et les suit dans leur développement, jusqu'à la fin.
Saint Jean dans son Apocalypse, au contraire, les prend toutes ensemble ; il les voit rassemblées en un seul corps, et cela par la simple raison qu'il les considère à leur état de maturité, arrivées à la perfection brutale qu'elles doivent atteindre dans les derniers jours, puisqu'aussi bien c'est là l'immédiat et unique sujet de cette prophétie.
Par ailleurs, l'apôtre et les prophètes sont en parfaite concordance.
Saint Jean dit que la « Bête » qu'il vit avait sept têtes, ce qui revient à dire (et je ne vois pas quelle autre chose plus naturelle pourrait être dite) qu'il vit sept « Bêtes » unies dans un même corps, et animées d'un même esprit. Daniel n'en nomme que quatre, mais ces quatre sont sept en réalité, puisque la troisième, qui est le léopard, se compose de quatre têtes. Saint Jean dit de la « Bête » qu'elle était semblable à un léopard, avec une bouche de lion et des pieds d'ours. Léopard, lion, ours, ce sont là, exactement, les trois premières « Bêtes » de Daniel.
A la « Bête » qui manque, on ne trouve de ressemblance avec aucune bête connue ; elle n'est donc nommée, ni dans Daniel, ni dans l'Apocalypse.
Saint Jean dit de sa « Bête » qu'il la vit sortir de la mer. Daniel en dit autant des quatre « Bêtes », et presque avec les mêmes paroles.
Saint Jean nous représente sa « Bête » avec dix cornes toutes couronnées. Daniel nous dit, en substance, la même chose, avec cette seule différence qu'il vit les dix cornes sur la tête de la quatrième « Bête ». Or, celle-ci est visiblement celle qui doit jouer le principal rôle dans cette tragédie, parce que, si on considère cette « Bête » séparément, ces cornes sont bien les siennes propres.
Mais quand cette « Bête » absorbe les autres, c'est-à-dire quand elle entraîne à sa suite un nombre suffisant d'âmes qui se sont séparées des autres « Bêtes », quand elle leur fait partager ses idées impies, quand, dans toutes les parties du monde, elle entraîne des multitudes à se déclarer formellement contre le Christ, principalement des chrétiens appartenant au faux christianisme, dont les noms ne se trouvent pas dans le Livre de vie, quand cette immense armée, formant un seul corps avec la « Bête », et animée du même esprit (c'est arrivé à ce point que saint Jean la voit), quand elle aura atteint son maximum de puissance, alors toutes les cornes seront communes à toutes les « Bêtes » unies, toutes menaceront, attaqueront, blesseront, et ces cornes protègeront bien le corps d'iniquité.
La conséquence sera que toute la terre tremblera devant elle, ses habitants se soumettront et ploieront le genou en disant : « Qui est pareil à la Bête et qui peut combattre contre elle ? » (Apocalypse. XIII, 4)
La onzième « corne » n’est pas l’Antichrist
Il semble bien, jusqu'ici, que les deux prophètes sont d'accord, puisqu'il n'y a entre eux qu'une seule différence : l'un examine toutes les Bêtes réunies en un seul corps, l'autre les considère séparées.
Il y a encore une autre particularité qui peut causer quelque embarras :
Si le mystère des quatre « Bêtes » est, avons‑nous dit, le même en substance que celui de l'Apocalypse, comment s'expliquer que saint Jean ne fasse aucune mention de cette fameuse «corne» sur la tête de la quatrième «Bête», cette corne, qui joue un rôle si important, qui fait tant de bruit, au point que beaucoup de commentateurs n'y voient rien de moins que l'Antichrist en personne?
Nous répondons à ceci, premièrement : bien qu'en fait le mystère soit le même, il ne s'ensuit pas que, dans les deux passages, les détails soient nécessairement identiques. Cela se reproduit fréquemment en matière de prophéties.
Décrivant le même événement, elles sont souvent diverses dans les détails. Dans telle d'entre elles, l'attention est attirée sur certaines circonstances qui, dans telle autre, sont omises, et vice versa. Ne faisons-nous pas la même constatation dans les Évangiles ?
En second lieu, nous répondons que ce silence même de l'Apocalypse est la preuve claire et convaincante que la onzième « corne» n'est pas l'Antichrist. Pourquoi ? Parce que l'un des thèmes principaux de saint Jean, dans cette prophétie, est la révélation de l'Antichrist duquel il nous donne le tableau si vivant et si circonstancié de la terrible carrière. Comment saint Jean pouvait-il ignorer cette onzième « corne », si elle était une partie essentielle du mystère? En conséquence, si cette « corne » est l'Antichrist, la « Bête » ne l'est pas. Et si la « Bête » est l'Antichrist, ce dont il n'est pas possible de douter, c'est que la « corne » ne l'est pas.
L'Antichrist, cher lecteur, n'est pas, il ne peut pas être, une « corne » de la Bête, ni même toutes les cornes ensemble. L'Antichrist parfait et complet, l'Antichrist tel qu'il se manifestera dans les derniers jours, l'Antichrist tel que l'a vu saint Jean, c'est la « Bête » même de l'Apocalypse, avec ses sept têtes et ses dix cornes.
Les sept têtes, ainsi que nous venons de le dire, ne sont autre chose que sept « Bêtes » différentes, mais réunies en un seul corps, animées d'un même esprit, composées d'une multitude de personnes. Les cornes sont uniquement les armes de la « Bête », armes offensives et défensives ; elles ne peuvent signifier autre chose.
Si donc Daniel désigne une corne en plus des dix, s'il affirme qu'elle sera plus grande, plus puissante que les autres, c'est que la quatrième « Bête » se servira plus d'elle que des autres, c'est que, par elle, surgiront plus de malheurs que par les dix autres réunies.
Mais qui sait si cette terrible corne, ou cette puissance mondiale, n'est pas née déjà, et à l'œuvre sur cette terre, sans que nous la connaissions, parce que jeune encore ?
Ne jouons pas au prophète. Ceci, le temps seul peut le démontrer. Il semble, cependant, qu'il serait sage de se tenir sur ses gardes, d'être d'une extrême vigilance, et de tout examiner avec soin, tout ce qui peut nous instruire sur les signes des temps. (Note : Et justement, un de ces signes des temps concernant le sujet qui nous occupe ici, c.-à-d. cette « puissance mondiale à venir » dont parle Ben Ezra, est déjà présente au milieu de nous ! Car n’est-elle pas arrivée de nos jours à l’âge adulte ? N’est-elle pas désormais identifiée ? Ne serait-ce pas le tant désiré par les élites, le Nouvel Ordre Mondial (N.O.M), et NON PAS Gouvernement Mondial, faisons bien cette distinction, car le nouvel ordre mondial est tout simplement un concept géopolitique de l'immédiat après-guerre froide. Son acronyme N.O.M. (ou NWO en anglais) est l'expression qui désigne l'alignement idéologique des gouvernements et organismes mondiaux (principalement Occidentaux) vers une certaine unipolarité. Et cette unipolarité, qui a comme esprit celui de l'Antichrist, est en train d’étendre, sous nos yeux, ses tentacules partout sur la terre, avec bien entendu, la participation de toutes les religions du monde y compris le christianisme apostat !)
Réflexions complémentaire importantes
Ce que nous pouvons, au moins, déduire légitimement de tout ce que nous avons dit sur la « Bête» de l'Apocalypse, c'est qu'elle est, de l'aveu d'à peu près tous les docteurs, l'Antichrist attendu ; c'est que, par cette métaphore prodigieuse et terrifiante, tant de choses si neuves, si importantes, si stupéfiantes, nous sont annoncées comme devant se produire, c'est que cet Antichrist doit dépasser infiniment la taille d'un simple individu, se l'imaginât-on même comme le plus formidable despote, tyrannisant toute la terre, fantôme terrible, né de l'imagination, et que la même imagination fait évanouir et se dissiper.
Chez un taureau,
ni une corne, ni l'autre, ni les deux, ne sont le taureau ;
elles n'en constituent que les armes
par le moyen desquelles cette bête sauvage attaque,
blesse, tue, fait trembler tout le monde.
Ceci est très clair et se passe d'autres explications.
Si nous nous attendons, au contraire, à voir s'accomplir en quelque individu, quelque Juif apostat, ou quelque monarque universel, tout ce qui est dit de la «Bête», et que nous annoncent les Écritures, il est fort à craindre que l'Antichrist ne soit déjà chez nous quand nous serons encore à le supposer et l'attendre, sous une forme imaginaire.
Il est également fort à craindre qu'à cause de l'idée que l'on s'est forgée de l'Antichrist, idée répandue dans toutes sortes de livres, mais, répétons-le, qu'on ne trouvera pas dans les Écritures, qu'à cause d'une semblable idée, les hommes ne soient trouvés dans la plus grande insouciance à la venue du Seigneur.
Mais celui qui est expert à démêler, dans les écrits des Prophètes, dans l'Apocalypse et dans l'Évangile, les signes annonciateurs de la prochaine venue du Christ, celui-là ne saurait s'abandonner à une insouciance semblable.
Je le répète, l'une des causes de cette insouciance (qu'on en pense ce qu'on voudra), la principale, peut-être, à mon sens, celle que nous allons étudier, provient des idées fausses qui courent sur le véritable caractère de l'Antichrist.
En sorte que l'on pourra voir se produire tous les signes, s'accomplir toutes les prophéties relatives à l'Antichrist, et ne pas s'apercevoir de sa présence. Le Christ sera à la porte, l'Antichrist presqu'au bout de sa sinistre carrière, et les chrétiens ne se douteront de rien, plongés dans la plus fausse comme dans la plus dangereuse sécurité. Il y a encore, diront-ils, bien du chemin à parcourir.
Du reste, l'Antichrist ne doit-il pas venir avant le Christ ? Où est-il, ce monarque qui doit assujettir l'univers ? Personne ne l'a vu. Aucun signe, aucun indice de son existence, rien n'apparaît, même confusément, ou si confusément qu'on ne peut le prendre au sérieux...
On pourrait s'imaginer, par tout ce que nous venons de dire, que la terrible aventure est arrivée à son terme, que l'Antichrist dont nous sommes menacés a atteint sa stature parfaite, qu'enfin, d'après notre système d'interprétation, il ne reste plus grand-chose d'intéressant à considérer dans ce corps moral [cette collectivité] qu'est l'Antichrist. Certes, ce que nous voyons, ce qui déjà se passe, suffit pour démontrer que l'horrible tableau que fait l'Écriture des catastrophes accumulées par cette « Bête » est en cours d'exécution. (Note : Ne le voyons-nous pas actuellement agir au grand jour sous nos yeux depuis 2020… ?)
Les sept « Bêtes » dont elle se compose n'ont-elles pas couvert la terre de ruines spirituelles, et même matérielles ? Qui dira les maux qu'a engendrés et qu'engendre encore l'idolâtrie ? Qui sondera le gouffre moral et spirituel creusé par le Mahométisme [l’islam] ? Et quels scandales produisent, au sein du christianisme, l'hérésie, le schisme, et le libertinage ! Et surtout, quels ravages ont été causés, dès son apparition, par la dernière Bête, par le déisme, par une fausse philosophie, par l'antichristianisme [et surtout par ce nouvel humanisme athée qui de nos jours se veut être le remplaçant du Christianisme !]
Et lorsque toutes ces Bêtes cruelles et voraces n'en formeront plus qu'une, du fait de leur entente en vue d'un même et unique but: la « déchristianisation » du monde, lorsque ce monstre à sept têtes se manifestera armé de ses griffes et de ses dents de fer, de ses cornes meurtrières, réunissant toute l'autorité et la puissance temporelles mondiales, lorsque, ouvrant son horrible bouche, il blasphémera contre Dieu ; et lorsque, finalement, ces « Bêtes » pleines de rage, c'est-à- dire quand des multitudes devenues leur proie, unies étroitement contre Yahweh Adonaï et contre son Oint, fermement résolues à balayer de la terre toute trace de christianisme, à en chasser même la mémoire, seront à l'apogée de leur puissance, quelle langue, quelle plume, sera capable de décrire l'angoisse, l'horreur, l'effroyable détresse qui s'en suivront ?
Donc, sans une ombre d'hésitation, j'affirme que si tout l'Antichrist était uniquement compris dans l'une de ces « Bêtes » nous n'aurions que peu de choses à en redouter, en comparaison des ravages accumulés par l'assemblage de toutes. La période de tribulation qui sévira à cette époque sera telle que ces jours devront être abrégés.
Malheureusement, enfin, l'Antichrist véritable, l'Antichrist complet, ne consiste pas seulement en cette monstrueuse Bête du chapitre XIII de l'Apocalypse. Il manque à cette machine une pièce importante sans laquelle non seulement sa capacité de nuire serait bien réduite, mais elle ne tarderait pas longtemps à se désagréger.
C'est cette pièce essentielle que nous allons examiner dans le chapitre qui suit.
La Bête aux deux cornes
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